La plage, on l’a souhaitée, on y est allés, on y a passé un bon moment, mais il faut bien en repartir.. (j’ai déjà dormi, contraint de le faire, sur une plage, et ça n’a pas été – bien qu’en été – très agréable : le sable sans le soleil devient vite froid).
Quand on sait qu’on pourra y revenir quand on voudra, dès le lendemain ou dans peu de temps, ça va, mais quand on sait que ce ne sera peut-être pas avant les prochaines vacances d’été à la mer, on a un pincement au cœur..
Le chien aimerait visiblement bien resté encore un peu..
.. enfin, ça dépend des chiens..
La plage devient déjà un souvenir flou..
.. c’est comme si, après l’ample espace de la plage et les largesses de l’horizon océanique, on était happés par une épaisseur touffue se refermant sur nous, nous bouchant les perspectives..
.. en plus il faut remonter la pente qui, à l’aller, nous avait fait courir vers la mer.. Je sais que j’avais cette sensation, cette émotion et ce sentiment dans mon enfance : on allait « à la Grande plage », et non « dans la Baie », juste devant le champ où on campait, de l’autre côté de cette dune. On marchait vers la dune : une colline. On grimpait. C’était un peu difficile mais on était légers et nos petits muscles étaient efficaces pour ce qu’on avait à faire. On arrivait en haut et ce n’était alors pas une émotion visuelle mais physique car tout de suite je dévalais la pente les pieds nus dans le sable si vite que je ne contrôlais plus trop et on atterrissait en un grand saut qui nous plantait jusqu’au haut de nos tibias minces les jambes dans le sable chaud. Il est possible qu’un cri d’exaltation était poussé vers la fin de cette cavalcade. Depuis, ce chemin de sable existant toujours, c’est celui que de préférence j’emprunte, avec parcimonie, de crainte que de réveiller ce souvenir si vivant en moi ne le sorte dangereusement de la gangue peut-être mythifiée des étés de mon enfance et ne fasse battre mon cœur trop vite.
Les sacs sont un peu plus lourds à porter, et ça n’est pas seulement parce que les serviettes de plage sont humides..Heureusement l’été n’est pas encore fini, mais les vacances à la mer peut-être que si.. Le bitume remplace déjà le sable.. On découvre, sans le savoir donc malgré nous, ce qu’on nomme la nostalgie, qui est d’un lieu mais aussi d’un temps.Il faut être solidaires, continuer à mettre un pied devant l’autre, se donner la main et ne pas trop se tourner vers le passé.. ( donc vers la gauche, pour je ne sais quelle raison. Sens de notre écriture française de gauche à droite ?).. voire se tenir bien droit, comme toujours, et aller de l’avant ( donc vers la droite )Il y en a qui ne La quittent que contraints et forcés, qui pleurent toute leur tristesse..
Mieux vaut la quitter qu’avec le jour qui finit – on l’aura connue aussi avec cette lumière là qui la caresse si bien – fatigués de la journée, pour que la nuit bien vite nous fasse passer à autre chose le lendemain..