Alors voilà : l’entrée du port de Fécamp est, comme à St Valéry-sur-Caux et au Tréport, étroite : 70 m de large, ce qui interdit toute erreur dans l’attaque et le choix du moment de la marée. De plus une barre se forme parfois devant.. Elle est par contre idéale pour les piétons car les solides jetées en dur (pierres taillées, béton..) sont complétées par de belles estacades en bois, comme au Tréport, ce qui multiplie les points de vue, mais j’avais 3 raisons de ne pas les emprunter ce jour-là : interdiction signalée d’y aller et n’étant pas du coin j’ignorais quel était au juste le danger (marée montante ? projection de galets qui jonchaient par endroits la jetée ?), obligation de choisir un point de vue par manque de temps, pas envie de prendre le risque qu’une vague plus haute me trempe, ni moi ni mon matériel non étanche.
Des personnes, peut-être du coin, n’avaient pas mes réticenses..

Les 2 feux ont été construits en béton et en 1952. Le feu tribord ou sud (vert) fait 10 m de haut, le bâbord ou nord (rouge), 14 m. Avant la seconde guerre mondiale, il y avait là 2 phares ronds, bâtis en pierres taillées, plus beaux, selon moi (très proches par l’aspect des phares actuels de St Valéry-en-Caux et du Tréport) mais ils ont été détruits, comme la plupart des phares, par l’armée allemande en août 44 juste avant l’arrivée des alliés. Les conséquences d’une guerre telle que celle-là sur les lieux a été énorme..
Un beau phare a été à une époque semble-t-il envisagé sur la Pointe du Fagnet – le nom de la jetée au pied du Cap Fagnet – en 1836 et aurait ressemblé, en plus étroit, à celui de Carteret, dans le Cotentin :


Pendant ce court séjour en Normandie, j’ai été frappé par l’importance des groupes d’oiseaux qui m’ont paru beaucoup plus nombreux qu’en Bretagne (en tous cas qu’en Morbihan). On en distingue un ci-dessous.
Ce que j’espérais commençait à se produire : le soleil passait sous les nuages et sa lumière orangée commençait à éclairer les pierres sur un fond de ciel sombre..
Je suppose qu’on a construit ces jetées s’avançant dans la mer et formant un chenal étroit pour être sûr d’avoir toujours suffisamment de hauteur d’eau dans la passe alimentée aussi par la rivière (ou plutôt fleuve) joliment nommée la Valmont.
La chance du débutant serait-elle assez généreuse pour offrir, dans cette atmosphère humide éclairée par des rayons puissants, un arc-en-ciel au nord ?
Oui !! Et, tant qu’à offrir, pas 1 mais 2 arcs-en-ciel !
A partir de ce moment ce ne fût que pur bonheur de photographe.. qui a bien du mal à choisir parmi ces images faites en une dizaine de minutes..
La photo est par définition incapable de restituer le bruit sourd, le grondement racleux créé par les puissantes et roulantes vagues charriant des tonnes de galets qu’elles amassent contre la jetée sud en un tas plus haut que le parapet..