St-Pol-Roux acheta en 1903 une maison de pêcheur surplombant l’océan, au-dessus de la plage de Pen-Had, sur la route de la Pointe de Pen Hir. Il la transforme en manoir à huit tourelles dont la maison formerait le centre et baptisa la demeure « Manoir du Boultous ». À la mort de son fils Coecilian, tombé en 1914 près de Verdun, il le renommera « Manoir de Coecilian ». Il reçoit de nombreux artistes et écrivains comme Victor Segalen, Max Jacob, André Breton, Céline et même, en 1932, Jean Moulin, alors sous-préfet de Châteaulin. Dans la nuit du 23 au 24 juin 1940, un soldat allemand investit le manoir, tua la gouvernante et blessa grièvement Divine (la fille de St-Pol-Roux) à la jambe d’une balle de révolver. Il sera souvent dit et écrit que le soldat viola Divine ; elle-même l’attesta par écrit, mais le réfuta par la suite. Saint-Pol-Roux échappe à la mort. Le soldat allemand s’enfuit, effrayé par le chien de la maison, fut arrêté, condamné à mort par un Conseil de guerre et fusillé. Saint-Pol-Roux, qui, blessé lui-même, était hospitalisé à Brest, avait négligé de mettre ses inédits en lieu sûr. Lorsqu’il retourne à Camaret et trouve le manoir livré au pillage et ses manuscrits déchirés, dispersés ou brûlés, il ne se remet pas de ce choc. Transporté le 13 octobre à l’hôpital de Brest, Saint-Pol-Roux « le Magnifique », « mage de Camaret », atteint d’une crise d’urémie, y meurt de chagrin le 18 octobre2. Divine est décédée en 1985. Le manoir de Coecilian fut bombardé en août 1944 par les avions alliés et complètement incendié.