( propos réactionnaires) Je suis allé 2 fois l’an dernier au FRAC, le Fond Régional d’Art Contemporain. J’y ai vu, pour quelques euros, quelques « œuvres » ou plutôt « installations » que j’ai trouvées intéressantes, amusantes ou faisant réfléchir mais j’y ai vu aussi beaucoup de « choses » qui me semblaient sans queue ni tête, inintéressantes, vaines mais généralement enrobées, entourées, accompagnées de discours, de textes souvent assez abscons mais suffisamment écrits pour paraître être l’expression d’une profonde réflexion. Bref, pour simplifier, je l’avoue, l’Art ( avec bien sûr un grand A) dit « contemporain » m’agace souvent et me paraît trop souvent être une vaste blague de la part de personnes suffisamment habiles et branchées pour séduire – et vendre le plus cher possible (si ça n’est pas cher, ça n’est pas de l’Art) – quelques décideurs flattés d’avoir le sentiment de gargouiller à la pointe de la « modernité » artistique contemporaine (MAC, pour les intimes) et d’utiliser intelligemment de l’argent public.
Entendons-nous bien : dans l’art contemporain je ne mets pas tous les artistes et toutes les œuvres dans le même sac d’imposture (pour faire très court, j’ai apprécié ce qu’a fait Christo mais pas Jeff Koons) mais je préfère généralement voir des installations faites sans arrière pensée et sans prétention artistique, même pas pensées esthétiquement, réalisées dans le but de créer quelque chose d’utile (faire pousser des plantes à regarder, à respirer ou à manger par exemple).
L’angle de prise de vue, la lumière et le cadrage déplacent ces réalités dans une autre dimension. Mon autre contribution à cette co-création où les créateurs ignorent tout de l’autre sera de donner un titre ( technique et/ou pompeux, en tous cas assez incompréhensible et comportant des références culturelles implicites) à ces « œuvres », éléments déterminants pour « faire » Art..
Alors, les jardins « familiaux » de la Bintinais – univers plastique dans tous les sens du terme – autre temple de la modernité artistique contemporaine ?
« composition verticale nue aux ombres changeantes sur décor couleur de nature » (acier brut, pvc, polyester et paille naturelle)
« liaison triade de tombées azurées » (bois et polyester coloré chimiquement)
« 6 semi-aléatoires variations ondulatoires (acier galvanisé et fibres naturelles) »
« réalité cellulosique dépassant fiction plastique » ou « vaine tentative polyester humaine singeant piteusement les cellules organiques chlorophylliques » (pvc, polyester, bois naturel)
« rectangle mortuaire d’éruptions volcaniques plantifères » (polyester, pvc et papier bouilli)
« nostalgie disparate appauvrie des sixties » (hommage à Le Corbusier)
(ciment, acrylique et sable de rivière en crue)
« démonstration sans artefact des lois de Mendel appliquées à la stérilité et la fécondité d’arabesques métalliques » (acier galvanisé et plastique verrier)