
Contrairement à la forêt de la Corbière (cf articles précédents), le parc du château des Pères ne sera ouvert, gratuitement, au public qu’à la fin du mois. Par contre » l’espace naturel départemental » qui le jouxte est, lui, ouvert, et, en ce jeudi de l’Ascension chaud et ensoleillé, plusieurs personnes – couples, amis et familles – y sont venues se mettre au vert, respirer les chants d’oiseaux et se prendre un premier coup de soleil en arpentant ses allées..

Chaque couple, chaque groupe familial ou d’amis, a ses propres relations : en apparence détendues ou ennuyées, routinières ou éveillées, obligées ou souhaitées etc.. Les attitudes, postures, la position des corps dans l’espace, les paroles échangées ou les silences, tout peut être l’expression de l’ambiance du moment qui y règne. Il ne faut pas sur-interpréter (!) : le simple passage dans une chaude zone sans ombre peut annihiler toute envie de parler et n’est donc pas forcément le signe de tension ou d’ennui..

J’ai remarqué ( j’ai des yeux et des oreilles..) que dans les groupes de deux couples, les femmes et les hommes se séparent et marchent 2 par 2, que les femmes marchent en général devant et que leur conversation va bon train, portant plutôt sur des faits de la vie quotidienne récente, sur les relations humaines.. tandis que les hommes trainent un peu derrière et parlent davantage de sujets en lien avec le lieu et le moment : la nature, l’agriculture, la météo..
Dans ces lieux relativement vides de choses particulières (un entomologiste, un ornithologue, un connaisseurs des plantes ou des arbres.. trouveront au contraire que les lieux sont riches..), 2 chevaux – qui semblent subir un infini ennui au soleil dans un enclos ceint d’une clôture électrique – fourniront l’occasion d’une halte, à défaut d’un réveil de la conversation : on s’ennuie un peu à regarder ces bêtes s’ennuyer. On ne trouve pas grand chose à en dire, on compatit vaguement sans trop savoir s’il y a vraiment matière à ce sentiment que l’on dit noble ..

.. on peut aussi bien passer à côté sans presque un regard (on vient souvent ?) et sans même savoir si les chevaux en sont déçus..

Même remarque que plus haut : lors d’une pause à l’ombre, les femmes d’un côté les hommes de l’autre et les sujets de conversations sont différents (sans vouloir écouter on entend des bribes de conversation) : ici les hommes parlent « technique » (appareils photos) tandis que les femmes évoquent des situations passées familiales. La présence proche de 2 gros animaux- l’un marron l’autre blanc – qui eux ne font pas de promenade digestive mais une sieste proche du coma, semble – comme celle des chevaux – faire partie du « décor »..

Les couples ont différentes configurations possibles de marche ( et éventuellement changeantes au cours de la promenade) : l’homme devant (la plus fréquente) ou de conserve.


L’homme devant est une configuration culturelle à inconsciente réminiscence préhistorique : ayant le sentiment qu’il est plus fort physiquement, il sent qu’il doit aller en éclaireur et protecteur en cas de rencontre potentiellement dangereuse. En occurrence ici ils s’approchent des 2 pachydermes endormis. La femme s’en fiche peut-être royalement et il est possible qu’elle vaque à ses pensées éparses.


Cette configuration plus rare peut s’expliquer de diverses manières : soit le chien en laisse – bien qu’étant » son meilleur ami » – ralentit l’homme, en reniflant et pissant fréquemment (le chien, pas l’homme, quoique.. passé un certain âge..), soit c’est l’homme qui a insisté pour venir et la femme est pressée d’en finir, soit c’est elle qui voulait cette marche mais la veut dynamique, soit etc etc.
Il y a aussi bien sûr, en ce jour comme un dimanche, la visite du jeune couple, avec le petit, aux parents. Là encore, la configuration habituelle est : les femmes plutôt d’un côté, les hommes de l’autre.

Il y a enfin (et pour finir sur une note positive), la configuration amoureuse, généralement plus lente, où la femme s’est faite fleur et où les mains se joignent..

