Printanier..
.. excentrique..
.. vivants et morts..
.. vénérable..
.. épanoui..
.. massifs..
marcoKerma photo : de mer, de Bretagne et d'ailleurs
photos de mer, de Bretagne et d'ailleurs (voir aussi marcokerma.over-blog.com)
Printanier..
.. excentrique..
.. vivants et morts..
.. vénérable..
.. épanoui..
.. massifs..
2 chevaux vivent à l’espace naturel départemental près du château des Pères à Piré s/Seiche. Ce sont apparemment des « Poitevins mulassiers ». « Mulassier ». Intrigant et pas très joli ( pas très loin de « putassier »). L’histoire de cette race façonnée par l’humain – toutes les « races » ont été façonnées par l’humain – est intéressante : Les juments poitevines sont utilisées pour faire naître – mais cela ne se produit qu’1 an sur 2 – de grandes mules rustiques par croisement avec des Baudets du Poitou, les fameuses mules poitevines. Mules et mulets étant des hybrides stériles, de tels animaux ne peuvent naître que par croisement entre un âne et une jument (ça ne marche pas entre un cheval Poitevin et une ânesse) . L’industrie mulassière du Poitou a été fréquemment combattue par l’administration des haras, dont le but était d’obtenir des chevaux aptes à remonter les troupes françaises. C’est pourquoi au XVIIIè s, les haras interdirent officiellement de faire naître des mules avec des juments de plus d’1,20 m et menacent ensuite de faire castrer tous les baudets de la région. En 1823, le préfet des Deux-Sèvres, dans sa volonté de lutter contre l’industrie mulassière, demande que le haras de St Maixent n’héberge plus que des chevaux de demi-sang, les étalons mulassiers étant impropres à l’amélioration et à la production du cheval de cavalerie.
C’est – selon sa fiche Wikipédia – « un cheval grand, calme, élégant et doté de crins ondulés en raison de son origine liée au cheval flamand, doux, paisible, robuste et tempéré, lymphatique Il apprécie le contact de l’homme, les particuliers et les professionnels trouvent donc en lui un partenaire de qualité. Au travail, le Poitevin mulassier montre une grande intelligence. Il est volontaire et à l’écoute même s’il peut parfois se montrer entêté. »
Moi qui n’y connais pour ainsi dire rien en chevaux, j’ai surtout trouvé qu’ils avaient l’air tristes, résignés, fatigués sous ce chaud soleil de mai, subissant les mouches, attendant peut-être une caresse ou une touffe d’herbe derrière la clôture électrifiée.
Si nous, nous déconfinions (quel nouveau mot étrange et moche), j’ai trouvé qu’eux avaient l’air déconfis.
Le blanc, ou plutôt la blanche car c’est une jument, a un côté hippie avec ses cheveux dans les yeux. Elle a aussi des excroissances à l’intérieur des antérieurs, vestiges du 5ième doigt. . On les nomme les « châtaignes ».
Sans en avoir l’air et sans avoir l’air de pouvoir le faire, à cause de ses cheveux de cheval devant ses yeux, elle vous regarde, semblant me dire « qu’est-ce qui t’autorise à me photographier ? ». Ou « à quoi bon me photographier ? ».
« Rien » devrais-je lui répondre « à part que tu es un bel animal et que tu sembles ne pas t’y opposer ».
L’autre, le mâle, un vieux hippie lui aussi, un vieil Iggy Pop, semble attirer toutes les mouches qui n’iront pas l’embêter elle. Il semble atterré, encore plus écrasé par le soleil, la chaleur, le temps, l’ennui.
Malgré tout cela il semble puissamment réfléchir.
Peut-être qu’il pense à l’étrangeté des chevaux, car c’est étrange un cheval, quand on regarde. Son museau par exemple, ou comment dit-on ? Il y a un mot précis.. « bout du nez » apparemment et tout simplement.
Il n’était pas loin de devenir une trompe, mais il s’est arrêté avant et est resté une sorte de long nez, ou museau, pas loin de la gueule et avec de grosses narines aux replis souples pour bien faire ces bruits de cheval.
Toujours est-il que ces 2 là, quand on passe un peu de temps à leur côté à les regarder et même à leur parler, ont l’air moins accablés et pas si tristes que cela. Elle est derrière lui, elle le colle un peu. S’il avance d’un pas, elle fait de même.
Contrairement à la forêt de la Corbière (cf articles précédents), le parc du château des Pères ne sera ouvert, gratuitement, au public qu’à la fin du mois. Par contre » l’espace naturel départemental » qui le jouxte est, lui, ouvert, et, en ce jeudi de l’Ascension chaud et ensoleillé, plusieurs personnes – couples, amis et familles – y sont venues se mettre au vert, respirer les chants d’oiseaux et se prendre un premier coup de soleil en arpentant ses allées..
Chaque couple, chaque groupe familial ou d’amis, a ses propres relations : en apparence détendues ou ennuyées, routinières ou éveillées, obligées ou souhaitées etc.. Les attitudes, postures, la position des corps dans l’espace, les paroles échangées ou les silences, tout peut être l’expression de l’ambiance du moment qui y règne. Il ne faut pas sur-interpréter (!) : le simple passage dans une chaude zone sans ombre peut annihiler toute envie de parler et n’est donc pas forcément le signe de tension ou d’ennui..
J’ai remarqué ( j’ai des yeux et des oreilles..) que dans les groupes de deux couples, les femmes et les hommes se séparent et marchent 2 par 2, que les femmes marchent en général devant et que leur conversation va bon train, portant plutôt sur des faits de la vie quotidienne récente, sur les relations humaines.. tandis que les hommes trainent un peu derrière et parlent davantage de sujets en lien avec le lieu et le moment : la nature, l’agriculture, la météo..
Dans ces lieux relativement vides de choses particulières (un entomologiste, un ornithologue, un connaisseurs des plantes ou des arbres.. trouveront au contraire que les lieux sont riches..), 2 chevaux – qui semblent subir un infini ennui au soleil dans un enclos ceint d’une clôture électrique – fourniront l’occasion d’une halte, à défaut d’un réveil de la conversation : on s’ennuie un peu à regarder ces bêtes s’ennuyer. On ne trouve pas grand chose à en dire, on compatit vaguement sans trop savoir s’il y a vraiment matière à ce sentiment que l’on dit noble ..
.. on peut aussi bien passer à côté sans presque un regard (on vient souvent ?) et sans même savoir si les chevaux en sont déçus..
Même remarque que plus haut : lors d’une pause à l’ombre, les femmes d’un côté les hommes de l’autre et les sujets de conversations sont différents (sans vouloir écouter on entend des bribes de conversation) : ici les hommes parlent « technique » (appareils photos) tandis que les femmes évoquent des situations passées familiales. La présence proche de 2 gros animaux- l’un marron l’autre blanc – qui eux ne font pas de promenade digestive mais une sieste proche du coma, semble – comme celle des chevaux – faire partie du « décor »..
Les couples ont différentes configurations possibles de marche ( et éventuellement changeantes au cours de la promenade) : l’homme devant (la plus fréquente) ou de conserve.
L’homme devant est une configuration culturelle à inconsciente réminiscence préhistorique : ayant le sentiment qu’il est plus fort physiquement, il sent qu’il doit aller en éclaireur et protecteur en cas de rencontre potentiellement dangereuse. En occurrence ici ils s’approchent des 2 pachydermes endormis. La femme s’en fiche peut-être royalement et il est possible qu’elle vaque à ses pensées éparses.
Cette configuration plus rare peut s’expliquer de diverses manières : soit le chien en laisse – bien qu’étant » son meilleur ami » – ralentit l’homme, en reniflant et pissant fréquemment (le chien, pas l’homme, quoique.. passé un certain âge..), soit c’est l’homme qui a insisté pour venir et la femme est pressée d’en finir, soit c’est elle qui voulait cette marche mais la veut dynamique, soit etc etc.
Il y a aussi bien sûr, en ce jour comme un dimanche, la visite du jeune couple, avec le petit, aux parents. Là encore, la configuration habituelle est : les femmes plutôt d’un côté, les hommes de l’autre.
Il y a enfin (et pour finir sur une note positive), la configuration amoureuse, généralement plus lente, où la femme s’est faite fleur et où les mains se joignent..
L’un des beaux lieux non loin de Rennes où aller, le Château des Pères et son parc accessible librement et ses belles sculptures et œuvres d’art moderne judicieusement placées dans les jardins et le bois.
Cette œuvre je l’avais déjà photographiée en haut de la tour du Mabilais, mais l’artiste, après la destruction d’une autre de ses réalisations sur le site, avait préféré l’enlever et la mettre au vert.
Magnifiques et puissants chevaux de fer galopant autour du château..
Superbes plongeuse à l’extrémité d’un arc de métal et au-dessus d’une mare de grenouilles, de libellules..
.. étonnante, légère et solide passerelle de fers à béton
télescopage temporel..
Ce serait trop long de présenter ici toutes les beautés rencontrées..