Pas à pas, îlot St Michel, Sables-d’Or-les-Pins, 6 févr.19 (entre 11h30 et 13h08)

Jean-Louis notre hôte nous avait suggéré le Cap d’Erquy mais la hâte de revoir au plus tôt la mer trop brièvement contemplée la veille au soir nous fit aller presque au plus près et nous atterrîmes sur la plage St Michel devant laquelle se dresse une miniature du célébrissime Mont.

Nous étions seuls avec ce lieu.

Rarement vu autant de galets amassés. Une ruse de la plage, complice de la mer, pour décourager de marquer de nos pas le vierge de ses sables ?

Une légère brume d’embruns caressait l’îlot encore inaccessible mais nous savions que la mer descendait..

.. et que la chaussée de pierre serait bientôt pour nos pas.

La seule personne croisée fut un pêcheur – pauvre sûrement (avec son panier vide et son pique comme celui de l’Archange Michel) mais bien habillé – qui s’inquiéta de savoir si je n’avais pas vu « quelqu’un là-bas sur le rocher ». Je lui dis que c’était un homme qui, n’arrivant pas à se redresser et à se mettre debout sur les eaux,se laissait porter par les vagues sur sa planche de surf  au-delà des rochers et qu’il ne m’avait ni semblé épuisé ni en danger. Brave homme de la côte qui s’inquiétait de son prochain.

Aller jusqu’à l’îlot n’est pas vraiment une partie de plaisir : des cailloux, des cailloux plus ou moins pointus et instables pour nos semelles et nos chevilles. Presque un chemin de croix, en tous cas de patience. Un court pèlerinage en quelque sorte. Grimper enfin sur l’îlot par les degrés naturels de rochers plus ou moins glissants demande prudence et attention (je suis plus prudent depuis ma Chute). La chapelle se mérite. L’archange nous regarde, si ce n’est nous protège. En tous cas l’Ailé qui est au sommet du clocheton avec sa lance. L’Ailé est notre allié, notre but. On y croit ! Fi du découragement et de la fringale à cette heure méridienne !

On a enfin atteint son but et on se demande si la chapelle dénature le lieu ou si elle le magnifie. Au sens strict elle le dénature puisqu’elle est objet culturel et même cultuel. Comme elle a de nombreux amis, de visites, elle fait beaucoup plus jeune que son âge (elle a été construite en 1881). Des gens lui écrivent des petits mots de remerciements, de piété, d’hommages, sur des coquilles de St Jacques (décidément) qu’ils clouent sur des bois ou accrochent à une corde sur le flanc de la chapelle et que les vents décrochent et éparpillent tout autour, les transformant en messages en bouteilles sans bouteille.

Derrière l’îlot quand on vient de la terre une grande pierre grise est entourée de galets diablotins de grès rose. Une météorite ? Elle semble endormie et inoffensive, bien polie même, mais elle est fort présente, dans une large brèche qui semble vouloir ouvrir l’îlot en deux et offre aux vagues un boulevard vers le socle de la construction divine. Chaque colère de la mer ronge inexorablement la petite île rocheuse de la chapelle : le Malin, qui est depuis fort longtemps à sa vengeance. D’avoir été noyé dans les eaux par le coup de pied de l’Archange lui est resté en travers et la mer que le bon Archange avait utilisée pour noyer le Démon et ses diablotins, s’est depuis retournée et travaille à chaque marée, à chaque tempête, aidée par tous les vents de l’Enfer, à sa vengeance. Le Diable est un archange patient lui aussi. St Michel ne le voit pas puisqu’il tourne le dos. Vous ne verrez pas non plus cette pierre : on ne prend impunément l’image du Malin. Malgré les apparences tranquilles, voire sereines, de l’endroit, le combat du Mal contre le Bien y a bien lieu, sous nos yeux si l’on sait regarder et voir l’envers des choses.

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