Faudrait que je consacre beaucoup à ces hommes – à ma connaissance aucune femme – qui, je pense tous les jours, viennent à Pointe er Vil (vont-ils aussi ailleurs ?), viennent sans doute jeter un œil à leur bateau mais pas que. Ils viennent là aussi pour, d’abord, voir comment est la côte, la mer, le ciel, (comme moi quand je reviens à Loc) et ils s’y croisent, échangent sur les dernières nouvelles, de la côte, des uns et des autres, du bourg (je n’ai jamais assisté à leurs échanges). Ils sont les acteurs, les témoins, les gardiens, les mémoires de ces lieux. J’ai entendu parler de Gaby, le roi des pêcheurs de bars qui dit qu’il n’y en a plus guère, qui est venu me parler des qualités d’une plate que j’avais entrepris, par jeu avec mes fils, de vider, échouée et remplie d’eau après une tempête, en me disant qu’elle serait peut-être à vendre et que c’était un bateau « marin » (qui tient bien la mer).
Gaby le pêcheur, Baie de St Philibert & de Quiberon, 10 avril 18
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