Une fois qu’on a dévalé sous la pluie le très beau bois sombre du château de Rosnarho, on débouche en pleine lumière sur une vasière de méandres qui sont pour mon imagination autant de fleuves miniatures se jetant, face à la Pointe de Kerisper, dans le confluent de la rivière d’Auray et de celle du Bono, au « banc de la Sarcelle », dont nous vîmes ce midi là le vol ( en tous cas des canards) ainsi que celui des habitués goélands, mouettes et aigrettes.
J’ai dit » pour mon imagination ». En tous cas, quand j’étais enfant (je dirais vers 8 ans, à l’été 71 ou 72), ce genre de lieu était vraiment pour moi un monde miniature en soi, le monde en plus petit et plus intéressant que le vrai car nous le maîtrisions, en étions les maîtres… Un méandre vaseux de 2 m de large était un fleuve d’Amazonie et la mer montante formait un, comment dit-on déjà ? Cette vague roulant remontant les fleuves… Mascaret ! Nous les explorions, à une échelle un peu plus grande, dans notre canot pneumatique, mon cousin Loïc et moi, et nous étions le temps de cette aventure, des Indiens dans une mangrove (mais j’ignorais ce mot à l’époque). Au marais du Brénéguy, les plaques de vase sèche en été, comme de l’argile (mais j’ignorais ce mot à l’époque), étaient véritablement des déserts bordés de végétation et accueillaient idéalement nos autos miniatures battant des records de vitesse dans le désert de Salt Lake City…