Enfant j’ai eu une période où je prenais plaisir à dessiner, branche après branche, des arbres. Et pour dessiner leurs branches il fallait qu’ils soient sans feuilles. Peut-être avais-je à la même époque découvert l’adjectif « dénudé » accolé au mot arbre. Cela avait dû me plaire car j’eus une période où je me mis à dessiner des arbres en hiver, donc « dénudés » de leurs feuilles . A y repenser j’avais dû recevoir un compliment pour avoir dit ou écrit « les arbres dénudés ». Je me souviens aussi avoir rencontré et aimé le mot – qui me paraissait aussi étrange et exotique – « panorama » et je l’utilisais dès que son emploi me paraissait justifié. Sans savoir quoi a précédé quoi, j’ai dû voir aussi à peu près dans la même période des reproductions de tableaux de Bruegel l’Ancien, ces scènes villageoises pleines de détails, dont des arbres en hiver, dénudés.. Je me demande dans quelle mesure cela a à voir avec mon intérêt pour la silhouette des arbres sans feuilles en hiver que j’ai photographiés ces jours récents, au cours desquels mon envie de nature est là.
Que faire, en termes de photos, dans cette période – ce second confinement qui sera probablement qu’un deuxième – que de tenter d’entrevoir la nature depuis ses fenêtres, puisque notre liberté de déplacement est entravée ?
22 nov. 8h10
Heureusement, l’aube, relativement tardive en cette saison, se révèle parfois consolatrice..

.. et les crépuscules – quel drôle de mot étrange – semblent vouloir ignorer l’hiver et être déjà des soirs de mars..

Aujourd’hui samedi – après l’autre samedi magique en forêt – le besoin et l’envie d’être dans la nature nous reprit et nous partîmes (je sais, le participe présent est à mesure que le temps passe de plus en plus passé.. d’usage et de mode) à la recherche du canal d’Ille-et-Rance (mission digne de Livingstone) que nous ne fîmes (je suis espiègle quand il s’agit d’utiliser le passé simple) qu’entrapercevoir mais, dans notre quête de pouvoir le longer à pieds avant la nuit, nous eûmes la chance, rare, de croiser, avant que le soleil ne disparaisse, les arbres, probablement les seuls, où les corneilles du coin avaient élu domicile pour la nuit venante.. Cette aventure exploratoire commença à la sortie de Betton, sur la route de Chevaigné..
entre Betton et Chevaigné soudain ( 16h08) la lumière se contrasta.
1 petite heure plus tard, sans avoir trouvé le canal, je retiens ce qui me semble être peut-être les derniers rayons du soleil de ce jour (16h57). C’était sans compter sur la faveur d’une colline et d’un sursis accordé au soleil rasant par les fantasques nuages..
La « culture » – qui vous vient au gré de la vie, dans la tête vous emplit de « connaissances » qui deviennent des « références » – permet de se sentir complices avec ceux qui les (re)connaissent et ça vous imprègne surtout de manière semble-t-il indélébile le cerveau. Donc ici, évidemment, je pense aux corbeaux d’un Van Gogh qui aurait vécu pas loin de Gauguin, non pas à Arles en été mais en Bretagne en hiver et, pour ce qui est des sons, les stars de la musique dite classique – dont le nom commence paradoxalement par une instance à ne pas faire de bruit, chutt..- sont convoqués par mes neurones imprégnés : Schumann, Schubert et Chopin.





Superbe! Le ciel dramatique aux couleurs éclatantes cadré par les arbres en ombres chinoises… et les oiseaux à la silhouette abstraite comme un dessin d’enfant qui semblent chassés par le soleil…
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Merci pour ce joli commentaire, ce n’est pas fréquent..Vous avez un blog ?
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C’est vraiment des photos coup de chance : je ne devais pas me trouver à cet endroit – je m’y suis retrouvé par chance – et ces arbres étaient les seuls du coin où il y avait des corneilles, que j’ai fait s’envoler d’ailleurs, malgré moi. Cela a duré quelques minutes, le temps que le soleil disparaisse derrière l’horizon.
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