Nous arrivons au port du Vivier-sur-Mer – qui a un nom assez particulier – vers 9h30. Nous sommes dimanche. C’est le jour de la grande marée de ce mois (plus de 103). La mer était annoncée haute à 8h49 là-bas en face au loin pas si loin, à Cancale. Donc elle descend depuis 3 bons quart d’heure. D’ailleurs, pour les néophytes que nous sommes à cet endroit, elle nous paraît déjà assez basse. On voit bien dans les herbus près du port qu’elle y était il n’y a pas très longtemps mais on la voit déjà relativement à distance ! En fait – on s’en rendra compte assez rapidement – elle descend, elle s’en va, se retire, à une vitesse élevée. On dit que la mer monte dans la baie du Mont St Michel à la vitesse d’un cheval au galop – sûrement non ! – mais elle recule à la vitesse d’une marche à bonne allure… Personne, ou presque : quelques silhouettes apparaissent ici et là. Je remarque un homme dans un petit voilier qui décolle du « quai » (il n’y en a pas en fait, plutôt un parking qui descend doucement vers l’eau), quelques personnes sur une descente de quai, près d’un monstre de bateau amphibie… Nous allons assez vite voir tout ce p’tit monde, mine de rien, s’agiter et quitter le port sur leurs embarcations respectives en empruntant l’étonnant chenal du Guyoult qui fait un « S », ce qui fait qu’on a l’impression, vu du bord, qu’ils reviennent dans leur sillage, comme s’il avait oublié le casse-croûte du dimanche, le tout, sous nos yeux aux aguets, dans une banalité des attitudes et des gestes de l’habitude du quotidien…
9h44. Faire de la voile, de la planche ou du kite dans ces parages serait faire du slalom… y’a des perches partout.
9h48 ; Mary Vorgan emprunte le chenal.. L’île des Landes, la Roche Herpin et la Fille en fata morgana sur l’horizon…
Mary Vorgan sort tranquille mais sans faiblir, le sémaphore de la Pointe du Grouin est un amer blanc comme une forteresse dans le désert du Sahara, l’île des Rimain et le « rocher de Cancale » – l’île du Châtelier – barrent la mer émeraude..
9h54, un bateau-amphibie – Le Chausey II – sort du port et emprunte le chenal.. 20 m de long, 2 moteurs de 300 cv. Construit en 2008, il s’occupe des huîtres au large de Chausey et, 9 ans après sa construction, paraît comme neuf. L’avantage de l’aluminium sur l’acier. « l’annexe » en remorque est pas mal non plus…
Il semble revenir sur son sillage : il amorce la deuxième partie du « S ». Pratique pour le photographier sous tous les angles..
ça y est : en 3 minutes il est sorti du chenal en zig zag et va pouvoir continuer droit dans le chenal sous la mer jusqu’à la zone où la profondeur est toujours suffisante.