Les eaux de l’Atlantique se précipitent vers la Manche 2 fois par 24h, notamment en passant entre le continent et les îles de Molène et Ouessant dans le passage du Fromveur, puis elles poursuivent leur route jusqu’à s’approcher de la côte du département de la Manche : c’est la marée montante ou « le flot », dont on connaît la vitesse dans la baie plate du Mt St Michel, celle d’un « cheval au galop », dit-on en exagérant beaucoup… Les eaux salées remontent ensuite vers le nord et sont accélérées par la présence des îles anglo-normandes et la relative faible profondeur (~ 50 m) et quand elles passent entre la pointe du Cotentin et l’île d’Anderley (Aurigny), elles sont à leur maximum et cela donne un fleuve salé qui coule à parfois 10 voire 12 nœuds (plus de 20km/h), déjà une vitesse très honorable pour un bateau ! Ce matin là, le coefficient de marée était encore élevé : 95. La photo a été prise au moment de la pleine mer, quand celle-ci est censée être « à l’étale », c’est-à-dire calme… mais tout est hors normes au Raz Blanchard et le moment le plus « calme » est 3 h après la marée haute ! Donc au moment de la haute marée il y a énormément de courant !…La tourelle jaune au fond est celle de la Foraine, 10 m de haut, qui marque la limite du plateau rocheux. Elle est parfois presque entièrement recouverte par la hauteur d’eau aux forts coefficients et par la force du courant…C’est surprenant, fascinant et fabuleux de voir et d’écouter la force de ce courant ! On sent, on voit, une force inarrêtable, puissante et résolue, longer la côte qui paraît si basse – la mer semble gonflée et plus haute que la terre – où vous tenez vos pieds, comme renonçant au dernier moment à tout emporter, y compris vous … « Ce n’est que partie remise ! C’est parce que je l’ai décidé !.. » semble t-elle gronder… Les marins ont nommé ce coin « le passage de la déroute »…