Plate dans le Golfe, « Jean-Marie, 1966 – 2016, cinquantenaire d’un enfant du Croisic »
Port-Louis, 8 avril 18. Le fait qu’il y a une annexe dedans donne une idée de la grandeur de cette plate, type qui devient rare.
La plate (en bas) est la barque « traditionnelle » dans le Golfe, le Morbihan et même dans toute la Bretagne. En Rance, la barque « traditionnelle » est plus courbe (en forme de banane), a l’arrière relevé, plus fin et ajouré et on l’appelle « doris » (en haut). J’ai mis « traditionnelle » entre guillemets car l’origine des doris est canado-américaine et la barque a été adoptée en Bretagne nord à la fin du XIXè s pour la pêche à la morue des terre-neuvas…La notion de tradition est donc relative, relative à une époque plus ou moins ancienne. On pourrait dire la même chose de nombre de choses « typiquement » bretonnes comme les hortensias, les rhododendrons et les camélias « typiques », par exemple en Cornouaille bretonne, et qui sont des plantes originaires du Japon ou de Chine… ce qui relativise aussi la notion d’identité bretonne… Qui est breton ? Les gens ont toujours des ancêtres installés quelque part non pas depuis « toujours » mais simplement depuis une époque plus ou moins ancienne… Rappelons qu’au début du XXè siècle se marier avec une personne d’un village différent pouvait être considéré comme se marier avec un « étranger »… Après une tempête en février 2014, il y avait ainsi une plate qui avait été poussée, ayant rompu son amarre, sur la plage. Elle était pleine d’eau et de sable. Je la pris en amitié et la vidai de son eau, en installant plusieurs siphons. Les gars du coin, qui viennent tous les jours voir les bateaux – le leur et les autres – me dirent que cette plate était un peu négligée et m’indiquèrent le propriétaire, au cas où je voudrais l’acquérir, que ça valait le coup car c’était un bateau « marin »… J’ai trouvé cet adjectif joli pour un bateau mais je n’ai pas contacté le propriétaire…
Vers le fort de la Fraternité. Je suis désolé pour ceux qui ne voient pas ces roches comme des têtes, des gueules de roc de créatures, pointes avancées de géants minéraux, chefs, au sens de tête, de ce qu’on nomme la Terre. Ici, dans le Finistère, le Bout du Monde (Pen ar bed, la « tête du Monde »), ce ne sont pas les mêmes Titans antédiluviens que ceux qui résistent encore un peu à la probablement plus douce Manche, les créatures roses, orange, plus lisses, arrondies (plus anciennes ?), de Trégastel et du Gouffre de Plougrescan. Ici, les êtres de roches, à la peau de lichens et d’herbes rases, sont jaunes et marron, beaucoup plus ridées, beaucoup plus plissées, creusées de sillons raboteux et terribles. C’est qu’ils affrontent les fureurs de l’Océan et non de la Mer !
Typique en Bretagne : ciel gris ardoise et lumière du soleil qui frappe tout ce qui est blanc, d’où des contrastes que j’adore, mais je préférais être à l’Île Tudy que du côté de Ste Marine à cet instant ! Et l’on voit à gauche vers Pont Labbé la trouée de ciel bleu : en Bretagne il fait beau plusieurs fois par jour…
Aujourd’hui ketch aurique de plaisance, construit en 1946 par les chantiers Vernazza à La Rochelle, Popoff, quand il était chalutier à voile s’appelait Sirocco, plus élégant, mais « Popoff » est un hommage du skipper malouin Bob Escoffier (qui a récupéré le voilier en 1979 en mauvais état : il mettra 6 ans à le restaurer) à son père puisque c’était le nom de guerre de ce dernier. Aujourd’hui Popoff appartient à une association qui le fait naviguer à la belle saison dans la zone située entre Belle-île et Ouessant. Son port d’attache est l’Île Tudy, d’où sa présence ici. Il semble attendre que l’eau revienne par en bas soulager ses béquilles mais il est plus probable qu’il reçoive dans la journée de l’eau par en haut ! ça lavera le pont !
18h27 : un p’tit bout de Bréhat : la côte ouest, qui reçoit la lumière des soleils couchants…
Je n’ai pas réussi à identifier avec sûreté cette île qui, dans mon souvenir, serait située à l’ouest de Bréhat… Peut-être est-ce Biniguet… La topographie est si trompeuse, si changeante selon le point de vue.